| Focus 1/2 | Théorie de l'évolution : incompréhensions et résistances

Darwin

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Il est possible que l’intérêt de Charles Robert Darwin (1809-1882) pour la Nature ait été influencé par son grand-père paternel, le poète et naturaliste Erasmus Darwin. Mais cet intérêt s’est surtout développé en marge d’études supérieures qui ne passionnaient guère le jeune Darwin tant à Edinbourg, où il étudie la médecine, qu’à Cambridge : il y fait alors des études de théologie. A Cambridge, il s’adonne plutôt à sa passion des insectes, suit les conférences sur la botanique données par John Stevens Henslow qui le persuade de commencer des études de géologie. Il lit beaucoup : Humboldt, Herschel… En 1831, de retour d’une excursion de géologie au nord du Pays de Galles, il trouve une lettre de Henslow l’informant qu’un poste de naturaliste, non payé, était proposé sur le HMS Beagle, commandé par le capitaine Fitz Roy, qui partait pour cinq ans autour du monde. Darwin part, emportant avec lui de nombreux ouvrages naturalistes, en particulier ceux du géologue Charles Lyell. De 1831 à 1836, il va récolter de très grandes quantités d’échantillons, prendre des notes sur toutes les observations détaillées faites sur les côtes d’Amérique du Sud, la Terre de Feu, les Galápagos, Tahiti, la Nouvelle-Zélande, etc… Une bonne partie de ses observations sera publiée par Darwin en 1839 dans un ouvrage, Journal de recherches, désormais connu sous le titre de Le voyage du Beagle, titre qui est en fait celui de l’édition de 1905 de cet ouvrage. L’analyse exhaustive des échantillons rassemblés par Darwin a été réalisée par différents spécialistes : Richard Owen et George Robert Waterhouse, respectivement pour les mammifères fossiles et actuels, John Gould pour les oiseaux, Leonard Jenyns pour les poissons, Thomas Bell pour les reptiles. Elle servira de base à une production scientifique abondante qui vaudra à Darwin une très grande reconnaissance scientifique.

 Encyclopédie environnement - photo de Darwin -
Darwin photographié par Julia Margaret Cameron (1868), via Wikimedia commons

Mais Darwin voit bien au-delà de ses observations. Dans son Autobiographie, rédigée pour ses enfants en 1876 et publiée après sa mort, il écrit : « […] Il était évident que de tels faits, ainsi que de nombreux autres, pouvaient être exprimés en supposant que les espèces était graduellement modifiées ; et ce sujet me hantait. Mais il était tout aussi évident que ni l’action des conditions environnantes, ni la volonté des organismes […] pouvaient rendre compte des innombrables cas pour lesquels les organismes de toutes sortes étaient aussi admirablement adaptés à leurs modes de vie, par exemple, un pic ou une grenouille arboricole pour grimper aux arbres, ou une graine dispersée grâce à des crochets ou des plumes […] ». En 1838, la lecture de Malthus « Essai sur le principe de population » va lui permettre de conceptualiser ses idées : « […] étant bien préparé pour apprécier la lutte pour l’existence qui se déroule partout selon une observation longue et continue des habitudes des animaux et des plantes, je fus frappé de constater que dans ces circonstances des variations favorables auraient tendance à être préservées alors que celles qui étaient défavorables seraient détruites. Le résultat serait la formation de nouvelles espèces. Ainsi, j’avais enfin une théorie sur laquelle travailler […] ».

En 1839, Darwin épouse sa cousine Emma Wedgwood dont il aura dix enfants. Ses idées sur la transformation des espèces prennent forme alors qu’il continue à publier ses observations sur les coraux, les iles volcaniques… Perturbé par des problèmes de santé, il écrit successivement plusieurs ébauches -la première en 1842- d’un énorme ouvrage présentant sa théorie, mais sans les publier. En 1858, Alfred Russel Wallace, naturaliste britannique alors en Malaisie, envoie à Darwin pour communication à Lyell, un manuscrit décrivant l’idée d’une transformation des espèces par le jeu de la sélection naturelle. « Je n’ai jamais vu de coïncidence aussi frappante » remarque alors Darwin ; « si Wallace avait lu mes esquisses de 1842, il n’en aurait pas fait de meilleur résumé ! ». Conscients de l’antériorité de Darwin, Lyell et Hooker proposent une publication commune dans le Journal of the Proceedings of the Linnean Society (séance du 1er Juillet 1858) : un texte de Darwin, en fait un résumé de son manuscrit, est publié avec l’essai écrit par Wallace. Malgré des problèmes de santé, Darwin s’attache alors à la publication d’une version moins ambitieuse, en volume, de son travail : l’Origine des Espèces, paraitra en Novembre 1859. Le succès de cette publication est immédiat : six éditions successives seront publiées, la dernière en 1872. Jusqu’en 1881, Darwin continuera à publier sur les thèmes qui lui tiennent à cœur, en particulier sur les plantes : orchidées, dimorphisme floral, domestication… La parution la plus marquante de cette dernière période est, en 1871, La descendance de l’Homme et la sélection sexuelle. Après son décès en 1882, il sera inhumé à l’Abbaye de Westminster, à Londres.

 


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